Que faire après avoir terminé le premier jet de son roman ?

Tu viens de franchir une étape que beaucoup rêvent d’atteindre sans jamais s’y rendre : terminer le premier jet de ton roman. C’est un accomplissement énorme. Et pourtant, au lieu de l’euphorie attendue, tu ressens peut-être un grand vide. Une question te trotte dans la tête : et maintenant, qu’est-ce que je fais ?

Rassure-toi : ce que tu vis est normal. Cette sensation de flottement est très fréquente chez les auteurices.

Dans cet article, je te propose de découvrir les premières étapes concrètes à poser après ton premier jet, pour aborder la suite avec méthode, clarté, et confiance.

C’est tentant de vouloir plonger directement dans la correction ou de relire son manuscrit d’une traite. Pourtant, la meilleure première action à poser, c’est le repos. Pas pour procrastiner, mais pour laisser décanter.

Pourquoi ce recul est-il indispensable ?

• Tu as été immergé dans ton univers pendant des semaines ou des mois. Il est difficile, voire impossible, de garder une vision claire immédiatement après l’écriture.

• Ton cerveau a besoin de faire et de voir d'autres choses, de lire davantage, de profiter de la vie, de faire une pause.

• Cela évite aussi de réagir à chaud à des passages qui te semblent bancals, alors qu’ils tiennent peut-être très bien une fois le recul pris.

Combien de temps ?

Idéalement, accorde-toi 2 à 4 semaines de repos. Même si bien sûr il n'y a pas de règles stricte, ça reste à toi de voir. Pendant ce temps, tu peux :

• Lire d’autres livres (dans ou hors de ton genre)

• Prendre des notes d’idées sans rouvrir ton manuscrit

• Comment à réfléchir à un nouveau projet d'écriture

• Retrouver une vie sociale (ahah)

Il faut voir ce temps de pause comme un investissement stratégique et non comme une perte de temps.

Une fois que tu te sens prêt.e, fais une première relecture complète de ton texte. Mais attention : sans corrections.

Oui, c’est difficile de résister à l’envie de réécrire cette phrase bancale ou de corriger cette répétition… mais ton objectif ici est tout autre : reprendre contact avec ton histoire dans sa globalité.

Pose-toi ces questions pendant la lecture :

• Est-ce que mon intrigue se tient ?

• Est-ce que je ressens des émotions aux bons endroits ?

• Est-ce que les personnages ont évolué de manière crédible ?

• Est-ce que le rythme fonctionne globalement ?

Tu peux prendre des notes à côté, sous forme de journal de relecture : impressions, questionnements, premières idées de correction. L’important, c’est de ne pas casser le flux de lecture en modifiant directement le texte.

Une fois la relecture terminée, tu vas pouvoir poser un diagnostic global. C’est une étape souvent négligée, et pourtant capitale : elle te permet d’éviter de corriger à l’aveugle.

Voici quelques grands axes à examiner :

• Structure narrative : ton intrigue principale est-elle claire ? Les étapes du schéma narratif sont-elles présentes (situation initiale, élément perturbateur, climax, résolution…) ?

• Cohérence des personnages : leurs actions et réactions sont-elles logiques ? Ont-ils chacun une arc narratif identifiable ?

• Rythme : y a-t-il des longueurs ou au contraire des zones trop précipitées ?

• Style : le ton est-il cohérent ? La voix narrative est-elle stable ?

• Résonance émotionnelle : est-ce que les thèmes et les enjeux du roman sont bien transmis au lecteur ?

C’est à partir de ces observations que tu vas pouvoir créer ton plan de réécriture, un outil précieux pour structurer la suite sans te disperser.

Réécrire un roman ne signifie pas tout revoir en une seule fois. Ce serait décourageant, voire impossible. La meilleure stratégie, c’est de réécrire par couches, comme on affine une sculpture.

Voici un plan en quatre phases :

• Réécriture structurelle : revoir l’ordre des scènes, supprimer ou ajouter des chapitres, clarifier les enjeux. C’est la base du travail.

• Réécriture des personnages : approfondir leurs arcs, renforcer leurs voix, clarifier leurs objectifs.

• Réécriture stylistique : améliorer les dialogues, fluidifier les descriptions, renforcer la voix narrative.

• Correction linguistique : grammaire, orthographe, typographie (en tout dernier).

Cette méthode te permet d’éviter de retravailler 50 fois les mêmes pages : tu avances avec clarté et efficacité, étape par étape.

La réécriture peut vite devenir une aventure solitaire, avec son lot de doutes et de blocages. Mais tu n’es pas obligé d’y aller seul.e.

Entoure-toi :

• de bêta-lecteur.ices bienveillant.es (et pas forcément que des gens de ton entourage) pour un retour sincère et constructif.

• de groupes d’auteur·ices : avoir un espace où échanger, poser des questions, partager ses victoires et ses doutes fait toute la différence.

• de quelqu'un qui peut t'accompagner si besoin, comme un coach littéraire, que ce soit pour t'aider à lever un ou des blocages ou pour t'aider à structurer et à t'organiser dans ton travail.

Te faire accompagner, ce n’est pas un aveu d’échec. C’est une manière de faire pousser ton texte dans les meilleures conditions.

Même si tu n’en es pas encore là, garder en tête les étapes suivantes peut t’aider à garder ta motivation :

• Objectif court terme : un manuscrit relu, cohérent et prêt à être corrigé.

• Objectif moyen terme : une version propre, que tu pourras envoyer à des bêta-lecteurices ou à un correcteur professionnel.

• Objectif long terme : une version finale, prête pour publication (classique ou auto-édition).

Visualiser cette progression te permet de ne pas rester bloqué dans l’idée que "ce n’est jamais terminé".

Tu viens de terminer ton premier jet, et tu te demandes quelle est la prochaine étape ? Tu es au bon endroit.

• Prends du recul.

• Relis avec un œil global.

• Structure ton processus de réécriture.

• Entoure-toi au besoin.
  
  

Et surtout, avance à ton rythme, un mot après l’autre. Tu n’es pas seul·e, et tu es déjà bien plus avancé·e que tu ne le crois.

Le plus dur est fait. Maintenant, il est temps de transformer ton texte brut… en véritable roman.